Bienvenue petits et grands caribous !

samedi 11 août 2012

De choses et d'autres qui se passent d'images

De nouveau bonjour pour ce second message.

Choses vues, choses remarquées, petits moments et petits souvenirs de la vie ici.

Lundi dernier, c'était jour férié, le BC Day, Jour de la Colombie britannique. C'est un jour férié qui a été décidé en 1974, en mémoire "des pionniers", à peu près un siècle après que soit créée cette province, devenue en 1871 la 6ème province du Canada, alors dominion de la Couronne britannique. Sans rapport particulier, une chaîne de la télévision câblée proposait un marathon de la série Friends, les épisodes s'enchaînant, sans ordre chronologique, je crois pendant 24h. J'en ai regardé quelques-uns avec Nicole, Megan et Grace dans la soirée. Ce n'est pas désagréable de retrouver cette petite bande et d'écouter l'anglais par leur intermédiaire. Et surtout c'était assez drôle, parce que les filles, de 15 et 13 ans, ne connaissent pas vraiment, alors il fallait que Nicole leur explique les histoires et les caractères des différents personnages ; et la série conquiert haut la main un nouveau public !

Samedi dernier, à Squamish, après la marche, tandis que j'attendais Nicole dans la maison de retraite, j'ai vu un vieux monsieur particulièrement émouvant. Les aide-soignantes l'appelaient Paul. Sur sa chaise roulante, il semblait très faible, son corps très décharné, peut-être en partie paralysé. Une infirmière l'avait amené pour 1/4 d'heure dans l'espace d'entrée, comme une promenade pour prendre le soleil qui passait par les baies. Mais pendant ce 1/4 d'heure quelle énergie il a mis à se déplacer, lentement, seulement de quelques mètres ! D'abord pour trouver l'ombre projetée du montant et ne plus avoir le soleil dans les yeux, puis pour approcher des revues et regarder un peu la feuille de l'établissement je crois, puis pour avancer dans le couloir. Son visage, ses yeux étaient tout d'intériorité mais volontaires, ses mains et son pied touchant le sol, appliqués à orienter et faire avancer la chaise. Une aide-soignante passait aussi un moment là, nettoyant, et elle a engagé la conversation avec lui, lui demandant si cela allait, s'il voulait quelque chose. Il m'a semblé qu'il y avait dans son attention un bon équilibre entre se montrer disponible pour aider et ne pas imposer son aide, respectant la personne de ce monsieur.

Une après-midi du mois dernier, à un arrêt du bus qui, après les cours, me ramenait du débarcadère du SeaBus au domicile, attendait un monsieur entre deux âges, efflanqué, vêtements élégants mais fripés, chargé de deux-trois gros sacs. Je n'ai pas tout compris de la conversation anglaise entre ce monsieur et la conductrice, mais ce que j'ai compris, c'est que d'abord il a dû lui demander un renseignement, savoir si ce bus allait à tel endroit ou bien comment se rendre à tel endroit ; cela se fait souvent ici, les conducteurs renseignent bien et prennent même souvent la peine, à l'arrêt dont il aura été question, de le signaler à haute voix à travers le bus ; cette fois, à la demande du monsieur, la conductrice l'incitait plutôt à monter et lui a eu l'air de ne pas vouloir, de préférer attendre le bus suivant ou le bus d'une autre ligne ; cela n'a fait ni une ni deux, elle a appuyé sur un bouton pour sortir un ticket et le lui tendre, et comme il ne voulait accepter, lui disant "ce n'est qu'un bout de papier, la moitié de mes passagers n'ont pas de ticket valide, prenez". J'ai été admiratif devant la vitesse (et l'humanité) avec laquelle elle avait à la fois compris la situation et fait son choix. Cela a duré encore une ou deux minutes à l'arrêt de bus, puis le monsieur est monté et elle l'a déposé quelques stations plus loin.

Quand j'allais dans Vancouver en semaine, une caractéristique nord-américaine qui m'étonnait le plus (me choquait presque ?), c'était cette habitude de toujours avoir un gobelet hermétique en carton ou en plastique à la main, de toujours, dans la rue, en se déplaçant, être en train de boire ou de manger quelque chose. Je crois que cela commence à se faire en France. Pour ma part, je n'aime pas trop. Sur le même plan, la densité des Starbucks Coffee à Vancouver est tout à fait surprenante ; je crois qu'on ne doit pas pouvoir se trouver à plus de 100m de l'un des points de vente de l'enseigne.

A la maison, le chien Chandler devient de plus en plus familier. Le soir il gratte à la porte et geint de façon plutôt têtue, si bien que maintenant il a ses entrées et dort à mes pieds.
La perruche couleur jaune canari me fait rire quelques fois. Dans sa cage d'environ 1m de haut, de 40cm par 40cm, elle a plusieurs barres-reposoirs, des sortes d'agrès ; l'une de ses occupations est de se tracter vers le haut à la force de son bec en s'accrochant aux horizontales de sa cage grillagée. Mais de temps en temps, elle doit s'assoupir sur une de ses barres hautes et tout d'un coup elle se vautre, on entend un bruit lourd suivi d'un froissement d'ailes, puis regarde ailleurs, l'air de rien, gardant sa dignité.

Dans les sous-bois, j'ai remarqué par endroits des bosquets de ronces et de mûres pas encore mûres mais qui mûrissent sûrement. Devant la fenêtre de la cuisine, c'est un houx qui pointe ses feuilles piquantes, ses boules sont encore vertes, je les suppose rouges pour Noël.
A deux pas de la maison, au coin de la rue en allant à l'arrêt de bus, il y a un noisetier qui parsème le sol de ses fruits. Cela craque sous les pieds quand l'on s'y rend le matin. Les noisettes sont encore vertes, mais elles doivent déjà faire le bonheur de l'écureuil gris-noir dont c'est le quartier. De préférence le matin à la fraîche, il se promène sans trop de crainte sur les clôtures et le gazon, près à remonter aux arbres au moindre bruit. Du balcon, on entend parfois le claquement sec des noisettes qui tombent de l'arbre et roulent un peu.

Avant-hier soir, après le dîner, je profitais de la douceur du soir en lisant sur le balcon : une théière brûlante, un mug fumant de camomille et un roman russe. Cela faisait comme un écho. Vie et destin de Vassili Grossman est remarquable, important, trop vaste pour que j'en parle ici... je me retiens d'en citer tout un passage.

C'est plutôt vers le soir aussi qu'ici, depuis les hauteurs, on entend les bruits de la baie de Vancouver, comme en une conversation paisible, le vol des hydravions, les sifflements des trains au triage, les cornes de brume des gros navires de commerce ou de plaisance, quelques mouettes. Cela a un charme certain. Par hasard, je viens de tomber sur ce site de bruitages maritimes : http://www.sound-fishing.net/bruitages_mer.html ;-)

Bon dimanche,
La bise,
Sylvain  

Baden Powell Trail (1), de Deep Cove à Lynn Valley

Bonjour,

Après une semaine presqu'immobile, aujourd'hui samedi je suis allé randonner, environ 15km - assez accidentés - entre Deep Cove et Lynn Valley, où se trouve un pont suspendu que Nicole m'avait fait découvrir il y a cinq semaines, en suivant la portion la plus à l'Est du Baden Powell Trail. En suivant ce lien, vous trouverez le tracé du parcours. Ce sentier a été défini et équipé en 1971 ; il relie Deep Cove à l'est à Horseshoe Bay sur la côte à l'ouest, en passant par le pied du Mont Seymour (ce que j'ai fait aujourd'hui) puis par Lynn Valley, par le pied de la Grouse Mountain, avant de traverser le massif de la Cypress Mountain et de redescendre vers la mer, pour un total d'environ 48km. Si je ne change pas d'avis d'ici là, j'essaie d'aller marcher demain et après-demain pour parcourir les tronçons suivants.
Parti de bonne heure ce matin, il m'a fallu trois bus différents pour rejoindre Deep Cove. J'ai commencé à marcher vers 10h, ai fait deux brèves pauses pour manger, mais ai aussi beaucoup pris de photos - dont la plupart ne rendent rien, avec les jeux d'ombre et de lumière des sous-bois. Marche bien agréable, presque continuement sous le couvert d'une forêt aérée, aux arbres s'élevant rectilignes vers la hauteur. Par contre, comme les marches que j'ai faites précédemment, j'ai trouvé que les dénivelées étaient vraiment prononcés ; la Seymour River comme la Lynn River descendent des montagnes en creusant des sortes de canyon assez impressionnants. Autre impression, là aussi comme ce que j'ai remarqué par ailleurs : les services des forêts ont parfaitement équipés tous ces chemins, nombreux, qui sillonnent les forêts de Vancouver, balisage, mais aussi escaliers et passages de bois qui sont quasiment du travail de charpente.
Voilà, voilà.
Quelques photos, en commençant par Deep Cove, qui a l'air d'une sorte de village de villégiature tout à fait confortable et aisé :





En route pour les bois :


 

 






Matériel adapté à ces contrées, des poubelles inaccessibles et résistantes aux ours. A un moment, j'ai croisé une traileuse avec son chien et un bruit de clochettes (au cou, au sac, je ne sais pas). Et puis un peu plus loin je me suis demandé, n'ayant pour ma part rien qui fasse du bruit pour me signaler, ce que je ferais si, au détour du sentier, je croisais un ours... Et d'une, je n'en mènerais pas large,... et de deux, je ne sais pas... Ce n'est pas arrivé. Mais un petit moment j'ai marché plus vite et chantonné "I wanna be a billionaire".




















Des sentiers équipés donc, comme le montrent les ouvrages suivants. Par moment, cela donne l'impression d'être dans un parc d'attraction, tout à bien été tracé et prévu pour que l'on suive le chemin. Et le contraste est assez curieux entre cette domestication du chemin et la vigueur de la nature traversée, la hauteur des arbres, les troncs effondrés, les cours d'eau profonds, la densité des racines, les fougères et les mousses.























Aujourd'hui, pour finir, je suis passé une nouvelle fois sur le Lynn Valley Suspension Bridge. Juste avant, sur la même rivière, un pont surplombant une double chute d'eau, les Twin Falls. Et ce sera tout pour la journée d'aujourd'hui.