Bonjour,
Nous vous avions laissé sur des photos de lacs et glaciers, notamment les lacs Louise et Moraine, correspondant au calendrier à nos journées autour de Banff, entre le vendredi 24 et le lundi 27 août.
Reprenons avec un intermède naturaliste, qui pourrait s'intituler "Un animal, des animaux" sauf que dans l'ordre ce sera plutôt "Des bestioles, un bestiau". Ces petits épisodes animaliers eurent tous lieu en ces quelques quatre jours, entre Revelstoke, nos randos autour de Banff et, le lundi, notre trajet quittant le secteur de Lake Louise pour remonter de quelques kilomètres vers le nord.
Moultes bestioles donc.
Avant de rencontrer le fameux bestiau plantigrade, lequel sait se faire espérer, il convient de savoir comment l'aborder.
L'encart du Routard nous dit :
"De nombreux ours (bruns et noirs) hantent les forêts de l'Ouest. La colombie-Britannique abrite même la plus forte concentration d'ours noirs au monde. Même s'ils représente rarement un danger, il convient de faire attention. (...) Quand vous marchez, faites un peu de bruit ou chantonnez pour avertir les ours de votre présence et, surtout, si vous tombez sur des empreintes, n'essayez pas de les suivre... En cas de rencontre nez à nez avec Teddy bear, commencez par jeter par terre toute la nourriture que vous transportez ; mettez-vous dans le vent pour qu'il puisse vous sentir et ne vous approchez pas. Ne vous enfuyez pas non plus : votre ami court bien plus vite que vous s'il le veut !
Si la gorge ne vous sert pas trop, parlez en levant les bras pour vous faire plus large et plus impressionnant que vous ne l'êtes, l'ours vous prendra peut-être pour un géant ou vous distinguera ainsi d'un autre animal et s'éclipsera. Un sifflet permet aussi de faire peur à un ours agressif. En tout dernier recours, vous pouvez projeter sur l'animal un jet de bombe à poivre (pepper spray, liquide qui brûle la peau et les yeux - les boutiques de camping en vendent) ou grimper à un arbre... Mais bon, il grimpe lui aussi, et mieux que vous..."
Démonstration par l'exemple, dans Jean Raspail, en 1949. Nous sommes sur la Deep river (rivière Creuse), entre Ottawa et les abords du lac Huron, au cours d'un portage pour remonter une chute, le bonhomme enduit de six-twelve, sorte de produit-miracle malodorant contre les moustiques, et portant en équilibre sur les épaules son canot (prononcer canote) :
"A partir de Fort William et presque jusqu'à Mattawa, l'Outaouais (rivière Ottawa) s'enfonçait droit au nord-ouest sur une centaine de kilomètres à travers une immense forêt qui pour n'être plus la forêt première, n'en avait pas moins conservé son caractère sauvage des premiers temps de la colonie. Les voyageurs appelaient cette partie de la rivière : rivière Creuse. En anglais : Deep river. L'un des euls villages accessibles, sur la rive ontarienne, porte ce nom-là. Un contresens : parfois même à mince d'eau, la rivière n'est pas profonde (deep), elle est creuse, en creux, encaissée entre deux pentes raides. Celle de la rive nord, la rive québécoise, se change sur de longs tronçons de parcours en de hautes parois rocheuses. A l'exception des confluents de trois ou quatre petites rivières venues d'En-Haut qui offrent un atterrage sablonneux, il est le plus souvent impossible d'accoster. Défendus par d'épais taillis, les arbres descendent jusque dans le courant. Les portages y sont rares mais sportifs. Pur le reste, on est prisonnier. (...)
En fait, sur la rivière Creuse, on s'est beaucoup amusés. Elle nous avait préparé un grand jeu aux multiples péripéties. Le portage de la chute Schyan, par exemple, au confluent de la rive du même nom. Une jolie petite chute, bien verticale, contournée par un sentier en élévation dans la forêt. Je marchais en tête, mon canot sur les épaules, regardant où je mettais les pieds. Le soleil brillait. Le six-twelve, sur ma peau, rissolait. Maringouins et brûlots (deux espèces de moustiques) reculaient au fur et à mesure que j'avançais, mais pas Baloo...
Je l'avais naturellement appelé Baloo : un gros ours brun - à la description que j'en fis, il s'agissait probablement d'un grizzli. Je montais. Lui descendait en grognassant. Une courbe du sentier nous dissimulait l'un à l'autre. Je l'ai entendu. je me suis arrêté. Je l'ai attendu. Je n'avais pas le choix, sauf à abandonner mon canot et à m'enfuir à toutes jambes, ce qui est fortement déconseillé par les familiers de cet animal.
Il a stoppé net à quinze pas, en position d'ours perplexe, se demandant sans doute, comme moi, qui allait, protocolairement, céder le passage à l'autre. Je me suis surpris à lui dire : "Vous voyez bien, mon vieux Baloo, qu'il est impossible de se croiser. La priorité est à celui qui monte..." J'avais en effet vouvoyé l'ours. Cela m'était venu comme cela. Je ne sais s'il y a été sensible, mais il a cessé de grogner. Il m'examinait attentivement. Ces plantigrades ont une très mauvaise vue. Ce qu'il découvrait en face de lui, déformé par le strabisme et la myopie, c'était un énorme lézard étrangement bipède et haut perché, pourvu d'une interminable carapace verte (la couleur de nos canots) et qui exhalait une odeur que jamais il n'avait reniflée auparavant. La sagesse de Baloo est bien connue. Son hésitation dura peu. Jugeant la partie inégale, il déploya toute sa taille, plus de deux mètres, pour montrer ce qu'il savait faire et que s'il avait voulu je n'aurais pas pesé lourd, leva haut ses pattes antérieures en un geste de boxeur qui salue, puis redevenu quadrupède fit prudemment demi-tour et fila."
En fait, sur la rivière Creuse, on s'est beaucoup amusés. Elle nous avait préparé un grand jeu aux multiples péripéties. Le portage de la chute Schyan, par exemple, au confluent de la rive du même nom. Une jolie petite chute, bien verticale, contournée par un sentier en élévation dans la forêt. Je marchais en tête, mon canot sur les épaules, regardant où je mettais les pieds. Le soleil brillait. Le six-twelve, sur ma peau, rissolait. Maringouins et brûlots (deux espèces de moustiques) reculaient au fur et à mesure que j'avançais, mais pas Baloo...
Je l'avais naturellement appelé Baloo : un gros ours brun - à la description que j'en fis, il s'agissait probablement d'un grizzli. Je montais. Lui descendait en grognassant. Une courbe du sentier nous dissimulait l'un à l'autre. Je l'ai entendu. je me suis arrêté. Je l'ai attendu. Je n'avais pas le choix, sauf à abandonner mon canot et à m'enfuir à toutes jambes, ce qui est fortement déconseillé par les familiers de cet animal.
Il a stoppé net à quinze pas, en position d'ours perplexe, se demandant sans doute, comme moi, qui allait, protocolairement, céder le passage à l'autre. Je me suis surpris à lui dire : "Vous voyez bien, mon vieux Baloo, qu'il est impossible de se croiser. La priorité est à celui qui monte..." J'avais en effet vouvoyé l'ours. Cela m'était venu comme cela. Je ne sais s'il y a été sensible, mais il a cessé de grogner. Il m'examinait attentivement. Ces plantigrades ont une très mauvaise vue. Ce qu'il découvrait en face de lui, déformé par le strabisme et la myopie, c'était un énorme lézard étrangement bipède et haut perché, pourvu d'une interminable carapace verte (la couleur de nos canots) et qui exhalait une odeur que jamais il n'avait reniflée auparavant. La sagesse de Baloo est bien connue. Son hésitation dura peu. Jugeant la partie inégale, il déploya toute sa taille, plus de deux mètres, pour montrer ce qu'il savait faire et que s'il avait voulu je n'aurais pas pesé lourd, leva haut ses pattes antérieures en un geste de boxeur qui salue, puis redevenu quadrupède fit prudemment demi-tour et fila."
J'aime bien la redoutable "position de l'ours perplexe"... Est-ce que cela existe en taï-chi ?
A présent, partons sur le chemin de l'animal.
A présent, partons sur le chemin de l'animal.
La légende de l'ours... Il est beaucoup annoncé, beaucoup plus qu'il n'est rencontré en réalité.
Le pas de l'ours...
Près des Vermillions Lakes de Banff, nous avons d'abord cru que ces empreintes entre le chemin et la rivière étaient celles d'un ours venu s'abreuver. Réflexion faite, leur taille est sans doute trop petite pour être d'un ours, mas bon, il est drôle d'y avoir cru un moment. Sans doute plutôt d'un coyote - un matin, nous en avons vu un traverser la route, à la sortie de Banff, d'un pas paisible, sûr de son fait et de sa priorité d'usage.Le manger de l'ours...
Les baies. Fin de l'été, début d'automne, les sous-bois des forêts en regorgent, de toutes les couleurs, comme vous pouvez le voir.
Et enfin, Sieur l'Ours.
Nos rencontres, à deux reprises seulement, furent plus modestes que le face à face avec Baloo de Jean Raspail.
Le premier, c'était le dimanche soir, après la belle rando du Lake Louise. Mais les photos ne sont pas bonnes, ours aux mouvements trop rapides, position trop éloignée pour le petit appareil. C'était au bord de la route, et nous étions séparés de l'ours par un grillage, l'animal était marqué à l'oreille et comme celui-ci, se délectait de baies.
Et celui-ci, le second, glouton tout autant et bien indifférent aux bipèdes motorisés, le lundi, après les balades au lac Moraine. En voiture, nous commencions à nous engager vers le nord sur la Promenade des glaciers pour gagner notre Auberge de Jeunesse du soir, Mosquito Creek, la première dépourvue de douche. Un bon truc pour observer les animaux, c'est de s'arrêter aux petits attroupements de voitures qui se forment parfois sur le bas-côté : c'est le signe qu'un premier véhicule a vu quelque animal représentant de la wildlife (vie sauvage) locale. C'est ce que nous avons fait là et, cette fois sans grillage - mais aussi sans descendre de voiture -, nous avons pu observer l'ours bien occupé, à une dizaine de mètres, de l'autre côté du fossé, jusqu'à entendre son souffle entre les branchages pataud.
Occasions somme toute rares, mais bien impressionnantes tout de même.
Nous n'avons en tout cas pas eu l'occasion d'en croiser sur les chemins lors de sortie à pied. C'est heureux, les images auraient peut-être été floutes !
A plus,
Sylvain
Le premier, c'était le dimanche soir, après la belle rando du Lake Louise. Mais les photos ne sont pas bonnes, ours aux mouvements trop rapides, position trop éloignée pour le petit appareil. C'était au bord de la route, et nous étions séparés de l'ours par un grillage, l'animal était marqué à l'oreille et comme celui-ci, se délectait de baies.
Et celui-ci, le second, glouton tout autant et bien indifférent aux bipèdes motorisés, le lundi, après les balades au lac Moraine. En voiture, nous commencions à nous engager vers le nord sur la Promenade des glaciers pour gagner notre Auberge de Jeunesse du soir, Mosquito Creek, la première dépourvue de douche. Un bon truc pour observer les animaux, c'est de s'arrêter aux petits attroupements de voitures qui se forment parfois sur le bas-côté : c'est le signe qu'un premier véhicule a vu quelque animal représentant de la wildlife (vie sauvage) locale. C'est ce que nous avons fait là et, cette fois sans grillage - mais aussi sans descendre de voiture -, nous avons pu observer l'ours bien occupé, à une dizaine de mètres, de l'autre côté du fossé, jusqu'à entendre son souffle entre les branchages pataud.
Occasions somme toute rares, mais bien impressionnantes tout de même.
Nous n'avons en tout cas pas eu l'occasion d'en croiser sur les chemins lors de sortie à pied. C'est heureux, les images auraient peut-être été floutes !
A plus,
Sylvain